2023-2024 / PHIL0023-1

Philosophie du langage

Durée

30h Th

Nombre de crédits

 Master en linguistique, à finalité5 crédits 
 Master en philosophie, à finalité5 crédits 
 Master en philosophie5 crédits 

Enseignant

Bruno Leclercq, Louis Rouillé

Langue(s) de l'unité d'enseignement

Langue française

Organisation et évaluation

Enseignement au deuxième quadrimestre

Horaire

Horaire en ligne

Unités d'enseignement prérequises et corequises

Les unités prérequises ou corequises sont présentées au sein de chaque programme

Contenus de l'unité d'enseignement

Les étudiant.e.s extérieur.e.s à l'Université de Liège qui souhaiteraient suivre ce cours-séminaire sont invité.e.s à se signaler dès septembre auprès des titlaires (adresses ci-dessous).]

Le cours portera sur deux sujets étroitement liés :

1) La théorie des noms propres

La théorie des noms propres est un thème central de la philosophie du langage et une partie essentielle d'une théorie plus générale de la référence, qui consiste à expliquer comment, via les expressions dites référentielles du langage ordinaire (les noms propres, les démonstratifs, les pronoms, les indexicaux, les descriptions définies, ...), le langage parvient à se rapporter aux choses. L'une des principales questions qui nous occuperont pendant ce module consiste à préciser la relation qui existe entre le nom et ce qui est nommé.

Une théorie intuitive (le millianisme, d'après John Stuart Mill) consiste à soutenir que les noms propres font référence sans intermédiaires: ils seraient comme une étiquette apposée sur une chose. Une théorie contraire (le descriptivisme) consiste à dire que les noms fonctionnent plutôt comme des descriptions (plus ou moins) définies, c'est-à-dire qu'ils font référence grâce à une certaine quantité d'information permettant en principe d'identifier la chose nommée. Dans les années 1970, sous l'impulsion de Geach, Donnellan, Kripke, Kaplan et de l'essor de la logique modale, de puissants arguments anti-descriptivistes se sont imposés, en faveur d'une théorie de la référence dite "directe" (un retour du millianisme, donc), dont il existe plusieurs espèces. C'est une date restée importante dans l'histoire de la théorie des noms propres et pour comprendre les débats philosophiques actuels sur les noms propres dans la philosophie analytique du langage.

Pendant ce premier module de cours, nous explorerons les différents usages théoriquement problématiques des noms propres, qui nourrissent les controverses contemporaines. Par exemple, et sans exhaustivité, le cas des noms vides (ceux qui sont basés sur une erreur comme le "Vulcain" de Leverrier), des noms fictionnels (ceux qui sont explicitement introduits dans une fiction), la contribution des noms dans les énoncés d'identité (par exemple, "Emile Ajar, c'est Romain Gary"), la question de l'homonymie des noms propres et de la possibilité du renommage (la deuxième plus grande ville de Russie s'est appelée successivement au 20e siècle Petrograd, Leningrad puis Saint-Pétersbourg), la question des descriptions définies devenues noms propres (par exemple "Les Pays-Bas" ou "Le Saint-Empire Romain Germanique").

Repères bibliographiques:
- Evans, Gareth, 1982, The Varieties of Reference, John Henry McDowell (ed.), Oxford: Clarendon Press.
- Kripke, Saul, 1980, Naming and Necessity, Cambridge, MA: Harvard University Press.
- Predelli, Stefano, 2017, Proper Names: A Millian Account, Oxford: Oxford University Press.
- Rami, Dolf, 2022, Names and Context: A Use-Sensitive Philosophical Account, Bloomsbury.
- Recanati, Francois, 1997, Direct Reference: From Language to Thought, Oxford: Blackwell.

2) L'externalisme sémantique

L'externalisme sémantique est la thèse selon laquelle les locuteurs n'ont pas "dans la tête" le sens des termes du langage qu'ils emploient au quotidien; selon cette thèse, il est tout simplement faux de croire que les locuteurs maîtrisent la définition des termes qu'eux-mêmes ou leurs interlocuteurs utilisent et qu'ils peuvent de cette manière reconnaître les choses ou les situations auxquelles ces termes s'appliquent.

L'externalisme sémantique est notamment la conséquence de la théorie de la référence directe telle que Kripke l'a transposée des noms propres à certains termes généraux, les termes d'espèce naturelle. Mais il y a aussi d'autres variantes de l'externalisme sémantique inspirées par d'autres motifs, en particulier la déférence sémantique, c'est-à-dire la volonté des locuteurs lambdas de s'en remettre à d'autres locuteurs, notamment des experts, pour le sens de termes qu'ils utilisent.

Après avoir distingué diverses variantes de l'externalisme sémantique - ancrés dans différents types de déférence -, nous proposerons un dispositif expérimental original permettant de les distinguer et ainsi de dresser une typologie des externalismes sémantiques. Nous remettrons par là en question certaines catégorisations intuitives proposées dans la littérature.

Si nous en avons le temps, nous étudierons aussi les conséquences de cette typologie pour "l'ingénierie conceptuelle", c'est-à-dire le travail philosophique sur les concepts et sur le sens des mots pour clarifier ou faire évoluer certains débats.

Repères bibliographiques:
- Kripke, Saul, 1980, Naming and Necessity, Cambridge, MA: Harvard University Press.
- Burge, Tyler, 1979, Individualism and the mental. Midwest Studies in Philosophy, 4, 73-121, reprinted in Foundations of Mind. Philosophical Essays, Volume 2, Oxford and New York: Oxford University Press, 2007, pp. 100-150.
- Horwich, Paul, 2004, Use Theory of Meaning. Philosophy and Phenomenological Research, 68 (2) , 351-372.
- Jackman, Henri, 2005, Temporal externalism, deference, and our ordinary linguistic practice. Pacific Philosophical Quarterly, 86, 365-380.
- Liu, Jee Loo, 2002, Physical externalism and social externalism: are they really compatible?. Journal of Philosophical Research, 27, 381-404.
- Putnam, Hilary, 1975, The meaning of 'meaning'. In Mind, Language and Reality. Philosophical Papers, volume 2. CUP, 215-271.
- Schroeter, Laura & Schroeter, François, 2014, Normative concepts: a connectedness model. Philosophers' Imprint, 14, 1-26.
- Wittgenstein, Ludwig, 1953, Philosophical Investigations, G.E.M. Anscombe and R. Rhees (eds.), G.E.M. Anscombe (trans.), Oxford: Blackwell.


 

 

 

 

 

Acquis d'apprentissage (objectifs d'apprentissage) de l'unité d'enseignement

Familiarisation avec certaines des questions de la philosophie du langage contemporaine
 

Savoirs et compétences prérequis

De préférence introduction à la philosophie analytique ou introduction à la philosophie du langage
 

Activités d'apprentissage prévues et méthodes d'enseignement

Mode d'enseignement (présentiel, à distance, hybride)

Cours donné exclusivement en présentiel


Explications complémentaires:

Le cours se tiendra au second quadrimestre (février-mai), les vendredis de 11h à 13h, à partir du 9 février 2024.

Le cours prendra la forme d'un séminaire avec participation active des étudiant.e.s. Leur présence aux différentes séances du cours est donc requise.
 

 

 

 

 

Lectures recommandées ou obligatoires et notes de cours

Les textes originaux des auteurs étudiés seront mis à disposition.

Repères bibliographiques:

1) La théorie des noms propres

- Evans, Gareth, 1982, The Varieties of Reference, John Henry McDowell (ed.), Oxford: Clarendon Press.
- Kripke, Saul, 1980, Naming and Necessity, Cambridge, MA: Harvard University Press.
- Predelli, Stefano, 2017, Proper Names: A Millian Account, Oxford: Oxford University Press.
- Rami, Dolf, 2022, Names and Context: A Use-Sensitive Philosophical Account, Bloomsbury.
- Recanati, Francois, 1997, Direct Reference: From Language to Thought, Oxford: Blackwell.

2) L'externalisme sémantique

- Kripke, Saul, 1980, Naming and Necessity, Cambridge, MA: Harvard University Press.
- Burge, Tyler, 1979, Individualism and the mental. Midwest Studies in Philosophy, 4, 73-121, reprinted in Foundations of Mind. Philosophical Essays, Volume 2, Oxford and New York: Oxford University Press, 2007, pp. 100-150.
- Horwich, Paul, 2004, Use Theory of Meaning. Philosophy and Phenomenological Research, 68 (2) , 351-372.
- Jackman, Henri, 2005, Temporal externalism, deference, and our ordinary linguistic practice. Pacific Philosophical Quarterly, 86, 365-380.
- Liu, Jee Loo, 2002, Physical externalism and social externalism: are they really compatible?. Journal of Philosophical Research, 27, 381-404.
- Putnam, Hilary, 1975, The meaning of 'meaning'. In Mind, Language and Reality. Philosophical Papers, volume 2. CUP, 215-271.
- Schroeter, Laura & Schroeter, François, 2014, Normative concepts: a connectedness model. Philosophers' Imprint, 14, 1-26.
- Wittgenstein, Ludwig, 1953, Philosophical Investigations, G.E.M. Anscombe and R. Rhees (eds.), G.E.M. Anscombe (trans.), Oxford: Blackwell.

 

 

Modalités d'évaluation et critères

Examen(s) en session

Toutes sessions confondues

- En présentiel

évaluation orale


Explications complémentaires:

Examen oral fondé sur le travail de certains textes (au choix)

La participation au séminaire en cours d'année est prise en compte dans la note finale à hauteur de 25%

 

 

 

Stage(s)

Remarques organisationnelles et modifications principales apportées au cours

Contacts

B. LECLERCQ - L. ROUILLE
Département de Philosophie
7, place du 20 août - 4000 Liège
B.Leclercq@uliege.be - Louis.Rouille@uliege.be


 

 

 

Association d'un ou plusieurs MOOCs