2023-2024 / Certificat interuniversitaire

Médiation culturelle

10 crédits

Description complète

DESCRIPTIF

En Belgique francophone, l'histoire des politiques culturelles croise l'histoire sociale. La démocratisation de la culture a ainsi accompagné, voire traduit, le mouvement d'émancipation sociale du début du 20ème siècle (instruction publique).

À partir des années septante, la démocratie culturelle a poussé un peu plus loin cette dynamique, au point de la renverser par moments, en promouvant un citoyen acteur de sa propre culture (et plus seulement consommateur). Cette perspective a favorisé l'élargissement de la notion de pratiques culturelles, invitées à s'exprimer dans leur diversité et envisagées comme des points d'ancrage de l'autonomisation, de la construction de soi et de la participation citoyenne. Si le rôle social de la culture a toujours marqué les politiques publiques de la Fédération Wallonie Bruxelles, notamment à travers l'importance de l'éducation permanente, il semble aujourd'hui que c'est autour de la notion de médiation que cette ambition se cristallise (Dufrêne, 2006). A côté d'autres principes comme les droits culturels, elle imprègne depuis quelques années, de manière plus ou moins explicite, certaines législations en FWB (Education permanente, Lecture publique, Centres culturels).

Le référentiel de la médiation émerge dans un contexte où plusieurs sources de déstabilisation affectent ou du moins interrogent la place de l'institution culturelle :

  • L'accessibilité des œuvres n'a jamais été aussi grande dans l'histoire de l'Humanité. Les espaces de création et de diffusion n'ont jamais été aussi nombreux. L'avènement d'Internet et la dématérialisation des supports suggèrent l'idéal d'un âge de l'accès sans filtre, immédiat et égalitaire. La découverte, la création et la diffusion semblent pouvoir se réaliser plus facilement qu'autrefois à l'écart des institutions ;
  • Le brouillage des frontières entre les genres culturels et les pratiques, conjugué au morcellement des modalités d'accès, aboutit à la constitution d'univers culturels de plus en plus hybrides et fractionnés. Le périmètre de la culture, autrefois assigné à des espaces et des temps plus nettement identifiables, en est bouleversé ;
  • La dynamique conjointe de montée en puissance de l'individualisme contemporain et de transformation du rapport à l'institution et aux experts bouscule les modalités du « travail sur autrui » vertical mené traditionnellement au sein des institutions culturelles (Dubet).

Ces mouvements concomitants conduisent à réinterroger les pratiques de médiation dans un sens politique renouvelé (Servais, 2016). La médiation témoigne d'une volonté de faire de la relation aux publics le centre de gravité de l'action culturelle (Dufrêne et Gellereau, 2004). Ainsi, elle pose la question du rôle des professionnel·le·s de la culture à l'heure où Internet semble apporter la promesse d'un idéal de médiation sans médiateurs, médiatrices (Donnat, 2014). Son invocation participerait donc d'une prise de conscience, notamment de la perpétuation des mécanismes de domination culturelle, des phénomènes d'inégalités d'accès et d'appropriation de la culture, qui semblent se déplacer et se reconfigurer plus qu'ils ne disparaissent (Lahire, 2004).

Pourtant, d'autres évolutions du secteur culturel tendent à entraver ce processus de conscientisation socio-politique et le passage à l'action :

  • l'emprise des métiers de la gestion (budgétaire, administrative, logistique, communicationnelle, organisationnelle, etc.) (Chiapello, 1998) qui encadre, voire réduit parfois l'espace de la médiation culturelle à une fonction événementielle ;
  • l'impact de la réduction des moyens publics sur l'action des opérateurs reconnus et institués (et donc la réduction de leurs marges de manœuvre culturelle) ;
  • le relatif flou de la notion de la médiation, qui certes laisse une marge d'interprétation aux professionnel·le·s mais peut aussi constituer une source de désarroi, masquant un désengagement des pouvoirs publics (Sacco et Jammar, 2014 : Rouzé, 2010).

Tous ces bouleversements, externes ou internes, affectent le travail des professionnel·le·s de la culture et demandent un renouvellement des pratiques que la réflexivité et la créativité, tant sur le fond que sur les mises en forme, peuvent aider à surmonter.

Cette créativité et cette réflexivité doivent être soutenues, singulièrement pour les travailleur·euse·s en fonction, par un processus de formation spécifiquement centré sur la dimension socio-politique de la médiation culturelle. Or, si l'ULiège propose aujourd'hui une formation initiale (Master) à finalité spécialisée en « Médiation culturelle et relations aux publics », il n'existe à ce jour en FWB aucune formation universitaire certifiante centrée sur la médiation culturelle dans sa dimension socio-politique.

 

PROGRAMME

La formation comporte 92 heures de cours réparties en 4 modules :

  • Module 1 : Le cadre de la médiation
  • Module 2 : Les professions de médiateur, médiatrice cuturel·le (rôles, outils, ressources, organisation du travail)
  • Module 3 : Les enjeux de la médiation culturelle 1 : représentations de la culture en démocratie
  • Module 4 : Les enjeux de la médiation culturelle 2 : publics et participation