2023-2024 / SOCI0022-1

Epistémologie des sciences sociales

Durée

45h Th

Nombre de crédits

 Master en sciences politiques, orientation générale, à finalité5 crédits 
 Master en sciences politiques, orientation générale, à finalité (en Science, Technologie et Société (STS))5 crédits 
 Master en anthropologie, à finalité5 crédits 
 Master en sociologie, à finalité6 crédits 
 Master en sciences du travail, à finalité6 crédits 
 Master en sociologie et anthropologie6 crédits 
 Cours supplémentaires destinés aux étudiants d'échange - Erasmus (Faculté des Sciences sociales)6 crédits 

Enseignant

Laurence Bouquiaux, Bruno Frère

Coordinateur(s)

Bruno Frère

Langue(s) de l'unité d'enseignement

Langue française

Organisation et évaluation

Enseignement au deuxième quadrimestre

Horaire

Horaire en ligne

Unités d'enseignement prérequises et corequises

Les unités prérequises ou corequises sont présentées au sein de chaque programme

Contenus de l'unité d'enseignement

 

Le cours d'épistémologie a pour ambition d'interroger la façon dont la science (qu'elle soit naturelle ou sociale) se construit et se définit pat rapport à ce que l'on considère comme étant « non-scientifique ». Un premier cycle, assuré par L. Bouquiaux sera consacré à une brève introduction à l'épistémologie générale. On s'efforcera en particulier de préciser comment différents courants et différents auteurs (l'inductivisme, Popper et le falsificationnisme, Kuhn, Feyerabend) ont proposé de répondre à la question suivante : « Qu'est-ce que la science »? « Qu'est-ce qui fait que nous sommes prêts à accorder (ou à refuser) le label « science » à telle théorie, à tel développement, à telle méthode ? Les séances de ce cycle seront ponctuées de la question du relativisme, qui fait aujourd'hui l'objet de débats particulièrement vifs.

Afin d'engager la transition entre  philosophie des sciences et sociologie des sciences, nous entamerons avec François Thoreau (Chercheur Qualifié du FNRS) une réflexion sur l'épisode  célèbre de la guerre des sciences qui opposé, dans les années 1990 quelques auteurs qui se voulaient « réalistes » et défenseurs de la science contre ses « destructeurs », parfois qualifiés de « postmodernes » (parmi lesquels nous retiendrons ici surtout Isabelle Stengers et Bruno Latour). Les premiers, soutenant que le savoir scientifique renvoie à une réalité objective et indépendante des observateurs, reprochaient aux seconds de prétendre que la réalité n'existe pas indépendamment des croyances de ces derniers. A cette critique, ils assortissaient celle, devenue classique, de « relativisme ». Nous verrons que, plus que postmodernes, les auteurs incriminés s'avéraient en fait surtout être avant tout constructivistes. Il leur était reproché de prétendre que, toute réalité étant relative à la représentation que s'en faisait un auteur, l'ensemble des savoirs (scientifiques ou non) se vaudraient. Ils prétendaient en réalité que tout savoir, tout point de vue, toute vérité énoncée sur le monde étaient construits. Mais pour autant, aurait dit Bruno Latour il n'en est pas moins vrai que les vérités scientifiques sont infiniment plus robustes que les vérités énoncées au sein des autres « modes d'existence » (religion, politique, etc).

Nous verrons alors, durant les trois séances assurées par Bruno Frère, comment cette « guerre » qui opposa physiciens « réalistes » et auteurs constructivistes (parmi lesquels comptent des philosophes et sociologues, certes, mais aussi des physiciens ou des chimistes) trouvera son illustration dans les sciences sociales elles-mêmes. D'une part en effet, la tradition critique envisagera volontiers qu'il existe une réalité objective en dehors des représentations que s'en font les acteurs, qu'elle soit physique (et appréhendée par les sciences naturelles) ou sociale (et appréhendée par le sociologue). Ce sera par exemple le cas de l'Ecole de Francfort en Allemagne, ou de la sociologie de Pierre Bourdieu en France. Une lecture épistémologique (s'interrogeant, donc, sur les conditions de possibilité de la connaissance) des auteurs de ces traditions nous conduira à montrer que là où les « réalistes » évoqués plus haut croient à une réalité extérieure et transcendanteau sujet observant susceptible d'être connue grâce aux sciences naturelles, les réalistes en sciences sociales croient, eux, en une réalité sociale transcendantale, également indépendante, qu'il s'agirait de dénicher sous la conscience des acteurs et qu'il conviendrait de maîtriser. 

En redéfinissant à partir de l'œuvre de Bruno Latour les notions de rationalité, de relativisme et d'objectivité, nous approfondirons alors  la perspective « constructiviste » (qualifiée de « relativiste radical » par P. Bourdieu) pour comprendre plus avant quelles sont les lignes de distinctions qui l'oppose en effet tant à la perspective critique en sociologie qu'aux scientifiques « réalistes » qui la critiquèrent à l'époque de la guerre des sciences. Nous verrons notamment que les constructivistes croient eux aussi bel et bien en une réalité indépendante de l'observateur. Mais ils insistent plutôt sur la variabilité des points de vue susceptibles d'être posés sur cette réalité (qu'elle soit sociale ou considérée comme « naturelle »). Ce faisant d'ailleurs il se rapprochent de la perspective critique de Bourdieu. Mais à l'inverse de lui, et s'il s'accordent à dire que le point de vue de la science est « plus robuste » et plus « fort », il ne font pas de ce dernier un « absolu » ( le point de vue « réaliste », transcendantal). Et, contrairement à lui, ils entendent définitivement résorber la distinction entre réalité naturelle et réalité sociale, entre nature et culture, entre humain et non-humain. ?

Enfin, après que nous les ayons considérablement rapprochées, Mar Jacquemain ouvrira un dernier cycle de séances qui visera à ressaisir les principales différences épistémologiques entre sciences sociales et sciences de la nature. L'objet de premières sont des sujets connaissants. Dès-lors, dans leur cas, les théories ont un impact sur leur objet et le transforment. Cette idée est développée par le sociologue A. Giddens dans le cadre de ses réflexions sur la réflexivité et par le philosophe des sciences I. Hacking  qui parle d'effet de boucle. On discutera cette dernière idée à travers différents exemples, dont un sera développé en détail : l'histoire de la maladie de la personnalité multiple, à travers l'ouvrage L'âme réécrite de Hacking. Si donc la science est une construction en général, nous verrons ici que les constructions en sciences sociales resteront probablement toujours plus fragiles, du fait de l'auto-transformation permanente de leurs objets. Il leur est donc difficile de prétendre à l'universalité (dans le temps et dans l'espace) et à la systématicité avec la même vigueur que les sciences naturelles. En fin de compte Giddens, Hacking, et dans une certaine mesure Latour, rappellent le caractère toujours changeant et non cumulatif de la connaissance en sciences sociales. Là où Bourdieu, par exemple, aurait certainement apprécié qu'elle fût stable et valable transhistoriquement au même titre que celle générée par les sciences naturelles.

Acquis d'apprentissage (objectifs d'apprentissage) de l'unité d'enseignement

L'objectif du cours est double :
- amener les étudiants à s'interroger sur les conditions de validité d'un savoir sur le monde et sur la société, en particulier sur les relations entre le savoir du théoricien du social et celui des acteurs eux-mêmes.
- prendre conscience de la diversité des modes d'explication en sciences sociales

Savoirs et compétences prérequis

Une première connaissance des grandes questions théoriques des sciences sociales
Le cours demande peu de pré-requis mais il suppose une capacité à questionner les évidences et à se poser des questions sur la validité de notre savoir. Cette curiosité scientifique et la capacité à argumenter sont les deux critères de base la bonne compréhension du cours.

Activités d'apprentissage prévues et méthodes d'enseignement

Le cours se donne en présentiel tant que nous sommes en code vert. Si le code venait à changer, les modalités du distanciel seront envisagées

Mode d'enseignement (présentiel, à distance, hybride)

Le cours sera donné en partie sous forme magistrale (avec l'aide d'un power point), en partie sous forme de séminaires (exposés de chercheurs).


Lors des séminaires, une participation plus active sera demandée aux étudiants, qui sera modulée en fonction du nombre d'inscrits.

Lectures recommandées ou obligatoires et notes de cours

Pour chacune des parties du cours, des textes de référence ou un syllabus serviront de support.
Certaines parties seront en outre illustrées par des slides.

Modalités d'évaluation et critères

Examen(s) en session

Toutes sessions confondues

- En présentiel

évaluation orale


Explications complémentaires:

L'évalution du cours fera l'objet d'un'examen oral. Au cours de cet examen, les étudiants seront interrogés sur les différentes parties du cours

 
Les critères de cotation seront les suivants :

- clarté dans la restitution des arguments

- rigueur dans les formulations

- capacité à utiliser les notions vues dans des raisonnements.

C'est Bruno Frère qui interrogera l'ensemble des étudiants.

 

L'examen est un examen oral composé de deux questions portant sur la matière vue au cours. Il n'y a pas de temps de préparation. Les échangent dureront approximativement 15 minutes afin de permettre au professeur d'apprécier le niveau de compréhension et de maîtrise des principaux concepts vus.

Stage(s)

Remarques organisationnelles et modifications principales apportées au cours

Contacts

Enseignants :
Bruno Frère : 04366 48 89 E-mail : bfrere@uliege.be
 
Laurence Bouquiaux : 04 366 55 91
Laurence.Bouquiaux@ulg.ac.be
 
 

Association d'un ou plusieurs MOOCs

Notes en ligne

cours d'épistémologie (syllabus de textes II)
Bonjour, 

Voici le second portefeuille de lecture (séances de F. Thoreau, B. Frère et M. Jacquemain)

Bon travail à toustes, 


Bruno Frère

ppt Marc Jacquemain Epistémologie
Bonjour


Ci-joint, le ppt utilisé par Marc Jacquemain 

Bruno frère