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2025-2026 / SOCI0111-1

Sociologie critique

Durée

45h Th

Nombre de crédits

 Master en sociologie, à finalité approfondie6 crédits 
 Master en sociologie, à finalité didactique (Réinscription uniquement, pas de nouvelle inscription)6 crédits 
 Master en enseignement section 4 : sciences sociales5 crédits 
 Cours supplémentaires destinés aux étudiants d'échange - Erasmus (Faculté des Sciences sociales)6 crédits 

Enseignant

Sam Ducourant, Bruno Frère, Maud Hetzel, Clémence Nasr

Langue(s) de l'unité d'enseignement

Langue française

Organisation et évaluation

Enseignement au premier quadrimestre, examen en janvier

Horaire

Horaire en ligne

Unités d'enseignement prérequises et corequises

Les unités prérequises ou corequises sont présentées au sein de chaque programme

Contenus de l'unité d'enseignement

En sociologie, et durant presque tout le 20e siècle, la théorie critique au sens large a servi de source d'inspiration première. Cependant quelques courants, plus marginaux, ont en Europe esquissé une autre démarche. Le pragmatisme américain, la phénoménologie, l'interactionnisme symbolique, l'anthropologie sociale  ou encore l'ethnométhodologie ont ainsi nourrit l'inspiration d'un vaste courant constructiviste contemporain qui, dans le monde francophone aujourd'hui, a pris pour parti de compléter (ou pour certains de supplanter) la tradition critique. On qualifie également ce courant de pragmatisme. Le cours que nous suggérons de donner cette année voudrait répondre à la question suivante : est-il possible de nouer ensemble critique et pragmatisme, soit les deux grands courants qui ont caractérisé les sciences sociales depuis Karl Marx ?

Nous commencerons par envisager les traditions critiques. Inspirée par Marx, donc, la première école de Francfort (Marcuse, Adorno, Horkheimer), combine à la classique critique de l'économie capitaliste une critique de l'industrie culturelle. Bourdieu, en France, trouvera là d'ailleurs matière à inspiration pour théoriser la domination culturelle qui structure, à l'insu des acteurs sociaux, les rapports de classes analyse-t-il. Habermas, puis Honneth, tout en reconnaissant tant la domination culturelle qu'économique, restituent aux acteurs la capacité à prendre conscience de celles-ci pour s'en émanciper contrairement à leurs prédécesseurs. Mais dans l'ensemble de ces perspectives critiques, le monde social et les personnes qui le peuplent sont systématiquement dépeints comme violentés, pollués et privés de quelque chose (leur réflexivité, leur conscience, leur liberté, ...). Comme si une nature humaine s'était perdue sous les assauts des diverses formes de réifications modernes.

La tradition pragmatique abordée dans un second temps permet, elle, de présenter l''acteur social comme étant autre chose que le pur réceptacle de déterminations, sujet violenté et aliéné par les structures sociales du capitalisme ou de l'État. Il n'envisage pas le monde social comme déjà « fait » et influençant les acteurs sociaux mais comme « en train de se faire ». La tâche de la sociologie, envisage d'ailleurs Latour, est de décrire la façon dont s'agrègent les humains et les non humains dans des assemblages souvent sophistiqués. Le problème, d'un point de vue politique , est que ce pragmatisme descriptif évacue totalement l'étude de la domination sociale. Or il existe bien des acteurs plus puissant que d'autres. La théorie des institutions que Boltanski suggère pour sa part permet de réintroduire la question de la domination dans une perspective qui reste par ailleurs pragmatique. Mais cette fois c'est la réintroduction d'un point de vue métapragmatique (susceptible de dresser une critique du capitalisme et de l'État plus percutante que celle des acteurs) qui pose problème.

 Est-il possible de camper une posture pragmatique qui soit également critique sans pour autant reconduire la traditionnelle conception de l'acteur aliéné, inconscient d'être dominé et de reproduire les conditions de sa propre domination (notamment en désirant s'adonner à une consommation effrénée) ? Pour maintenir le cap de la conception d'un acteur lui-même compétent et critique en pragmatisme nous mobiliserons les épistémologies du Sud  (Sousa Santos) les épistémologies post-coloniale (Chakrabarty, Appaduraï) ou décoloniale (Escobar, Mignolo), le perspectivisme (Viveiros des Castro), et les épistémologies situées (Stengers, Harraway, Harding). Nous tâcherons de construire de la sorte un pragmatisme associationiste  critique et tendanciellement libertaire susceptible à la fois de galvaniser les capacités critiques des acteurs tout à repérant pratiquement et empiriquement quels sont les ennemis  auxquels ils doivent faire face et qui sont bien souvent des institutions dominantes.

 

Les trois dernières séances seront animées par trois professeures invitées.

 

La première sera assurée par Sam Ducourant.  Dans cette séance, nous aborderons les grandes lignes de la pensée marxiste, ainsi que le féminisme matérialiste français des années 1970, qui le reprend et modifie. Dans le prolongement des sociologies de type pragmatique mais aussi non loin des certaines autirces décoloniales ou « situées », nous verrons comment ce cadre de pensée peut s'appliquer aux relations entre animaux humains et non humains. A partir du cas des mouvements animalistes et antispécistes européens du XXe siècle, nous étudierons de manière critique plusieurs manières de penser le changement social, la manière dont les acteurrices et groupes se co-constituent, comment et selon quels facteurs leurs agentivités évoluent (non loin du pragmatisme), et les possibilités (ou non) de convergence des luttes (à laquelle aspire les perspectives critiques).

 

La seconde séance, assurée par Maud Hetzel, portera sur les grands débats qui structurent la sociologie de l'environnement, et notamment l'enjeu de la réduction ou du renforcement des inégalités par la crise écologique. Tandis que les théories qui émergent à partir des années 1980 défendent l'idée d'une individualisation de la vulnérabilité face au risque (Beck 1986) et d'un « nouveau régime climatique » (Latour 2015), un nouveau courant, qui émerge à partir des années 2010, vient réaffirmer les inégalités de genre, de race et de classe face à la crise écologique et se propose d'analyser la « condition écologique des classes sociales » (Classes vertes 2024). Ce faisant la sociologie de l'environnement vient comme ponctuer à sa manière l'opposition historique entre pragmatique et critique. D'une part elle permet de comprendre comment les humains (et non humains) s'associent pour fabriquer du social. D'autre part elle réintroduit des thèmes chers à la perspective critique traditionnellement sensible aux inégalités de genre de classe et de race.

 

La troisième et dernière séance, assurée par Clémence Nasr permettra d'illustrer plus avant la réalité de l'économie sociale et solidaire (ESS) par l'étude d'un cas concret : les circuits courts alimentaires. Il s'agira d'une part de mettre en regard la définition de l'ESS en ses diverses composantes avec la pluralité des initiatives qui constituent ce qui prend la forme d'une relocalisation alimentaire. Cette séance permettra de creuser davantage le lien entre ESS et associationnisme en dévoilant la filiation qui existe entre la relocalisation alimentaire contemporaine et la coopération de consommation alimentaire qui s'est développée au cours du XIXe siècle. Ce travail de comparaison historique permettra de mettre en lumière l'enjeu politique spécifique posé par les circuits courts alimentaires : une politisation accrue de l'échelle locale. De la sorte nous pourrons voir que la tradition pragmatique remonte en fait aussi loin que la tradition critique née du marxisme historique L'associationnisme libertaire du 19 e Siècle, de Proudhon à Michel en passant par Reclus, Bakounine, Kropotkine et plus tard Goldman préfigure à bien des égard certaines des idées écologiques que l'on retrouve en acte dans certaines formes de circuits courts. Si les idées écologiques ne caractérisent certainement pas tous ces circuits courts, l'idéal d'une forme d'autonomie et d'indépendance par rapport à un système agroalimentaire jugé problématique colore, quant à lui, l'ensemble de la tendance. 

 

 

En conclusion, l'associationnisme, confiant en l'agentivité du monde ouvrier, se refusait hier au constat marxiste de l'aliénation massive à la manière dont les pragmatistes contemporains refusent, aujourd'hui, de s'arrêter au constat d'une classe sociale dominée (notamment agricole) reproduisant dans la joie les conditions de sa domination. Peut-on à l'avenir camper une posture sociologique qui tienne à la fois de la puissance de la critique et de la force descriptive du pragmatisme ?

 






 

Acquis d'apprentissage (objectifs d'apprentissage) de l'unité d'enseignement

Le cours vise à développer les compétences suivantes :




  • Les étudiants doivent être capables de développer une analyse sociologique critique des questions liées à la thématique du cours.
  • Ils doivent être capables de cultiver un esprit de synthèse permettant de comprendre les ressorts de la critique et la nécessité de l'enquête sociologique pragmatique ainsi que sa transversalité.
  • Ils doivent être capables d'interroger les faits empiriques et les pratiques associés à la critique et à l'enquête en mobilisant les outils théoriques abordés durant les séances du cours.

Savoirs et compétences prérequis

Une bonne maîtrise des grands courants des sciences sociales et des théories sociologiques est nécessaire.

Activités d'apprentissage prévues et méthodes d'enseignement

Les activités d'apprentissage du cours visent d'une part à présenter la problématique générale et les ressorts de la critique et, d'autre part, à aide les étudiants à s'approprier son pendant pragmatique dans l'histoire de la pensée sociologique jusque dans ses déclinaisons les plus récente (associationnisme critique, perspectivisme, post ou décolonialisme, épistémologies situes, etc). 
Par conséquent, les activités d'apprentissage se déploient en deux temps :



  • Présentation par l'enseignant, lors des premières séances de la problématique et des ressorts de la critique pour les grands auteurices qui se sont inscrits dans ce courant. Sont prévus aussi des échanges en classe sur base de textes que les étudiantes sont ivitée.s à avoir lu en amont (en procédant chapitre par chapitre pour l'ouvrage).
  • Le cours, prévu sur trois heure, contient une partie ex-caetedra et une seconde partie d'échange et discussions.
  • Les séances d'apprentissages assurées par les trois professeures invitées reposent chacune sur la lecture préalable d'un article.  

Mode d'enseignement (présentiel, à distance, hybride)

Cours donné exclusivement en présentiel


Informations complémentaires:

Cours donné exclusivement en présentiel


Informations complémentaires:

Le cours est organisé en présentiel.

Se présentant sous la forme de séminaire, les séances d'apprentissage vise à aider les étudiants à développer leur esprit d'analyse sociologique, comprendre les ressorts de la critique, les théories et les expériences pragmatiques qui cherchent à s'affranchir des formes de dominations et d'exploitations que subissent diverses catégories d'êtres (humains et non humains)

Il s'agit donc d'un enseignement qui, d'ex-caetedra, a pour vocation de devenir interactif lors des trois derniers quart-d'heure

Supports de cours, lectures obligatoires ou recommandées

Plate-forme(s) utilisée(s) pour les supports de cours :
- eCampus
- MyULiège


Informations complémentaires:

 

Le cours s'articule autour de quatre textes : un ouvrage co-écrit par  Bruno Frère et Jean-Louis Laville et ensuite un texte par séance assurée par une professeure invitée :

Frère et J-L. Laville, La fabrique de l'émancipation, Paris, Seuil, 2022

 Sam Ducourant, Pheobe Mendes, « Pour une approche mate´rialiste des rapports anthropozoologiques », à paraître dans Nouvelles Perspectives en Sciences Sociales

Classes vertes, « La condition écologique des classes sociales. L'injustice environnementale à l'intersection des rapports de domination »,  Actes de la recherche en sciences sociales, 2024, vol. 5, n° 255, 2024. p.4-27.


Cyril Ferraton, "Une mise en perspective historique de l'économie solidaire" dans Associations et coopératives. Une autre histoire économique, Paris, Eres, 2007.

Ces textes seront déposés sur Myuliege et, Ecampus. Il est indiqué d'avoir lu le texte avant chaque séance. Pour le livre nous procéderons chapitre par chapitre. 

 

 

 

 

 

 

Modalités d'évaluation et critères

Examen(s) en session

Toutes sessions confondues

- En présentiel

évaluation orale


Informations complémentaires:

L'examen est un examen oral. Deux questions sont posés sur les textes. 

Des lectures supplémentaires et des analyses de l'actualité par la mobilisation des concepts vus au cours seront particulirement appréciées, au-delà d'une simple restitution

Stage(s)

Remarques organisationnelles et modifications principales apportées au cours

Contacts

Enseignant : Mohamed NACHI

Bureau R 48 (niveau 0)

Tel : 04/366.36.07
Courriel : m.nachi@uliege.be

Secrétariat :

secretariat.fass@uliege.be

Secrétariat : Mme Valérie Pitrebois

Tél: 04 366 31 61

Courriel : Valerie.Pitrebois@uliege.be

 


 

Association d'un ou plusieurs MOOCs

Notes en ligne

ppt sociologie critique
Bonjour, 

 

Vous trouverez ci-joint le ppt utilisé pour le cours de spciollogie critique. Les deux derniers chapitres (7 t 8) sont supprimés, trop de séances sont tombées. 

Je reste à votre disposition naturellement

Bon travail

Bruno Frère