Durée
Séminaire d'ontologie : 45h SEM
Questions disputées de métaphysique : 30h Th
Nombre de crédits
Master en philosophie, à finalité | 15 crédits |
Enseignant
Séminaire d'ontologie : Laurence Bouquiaux, Olivier Dubouclez, Julien Pieron
Questions disputées de métaphysique : Olivier Dubouclez
Coordinateur(s)
Langue(s) de l'unité d'enseignement
Langue française
Organisation et évaluation
Enseignement au deuxième quadrimestre
Horaire
Unités d'enseignement prérequises et corequises
Les unités prérequises ou corequises sont présentées au sein de chaque programme
Contenus de l'unité d'enseignement
Séminaire d'ontologie
Séminaire de recherches qui porte sur un thème ontologique différent chaque année. En 2021-2022, nous traiterons de l"Ontologie des futurs".
Le thème de recherche proposé cette année s'enracine dans le sentiment d'absence de futur ou d'enfermement dans le présent qui, du fait des mesures liées à la crise sanitaire, nous a traversé-e-s pendant un an et demi. Nous avons ressenti, et continuons encore de ressentir, la difficulté de nous projeter dans l'avenir, de prévoir et d'organiser la vie à plus ou moins long terme. Cette absence de futur a ainsi contribué à mettre en lumière la place que joue, au présent, ce temps qui paraît pourtant le moins réel - puisque le futur n'existe pas et ne se perçoit pas encore. C'est le paradoxe (déjà formulé par Augustin) d'une présence du futur qui interroge : si le futur est pour demain, comment peut-il être déjà là ? N'est-ce pas ce qui nous a manqué pendant un an et demi - ce non-présent dans le présent, cette incomplétude, qui rend possible d'envisager autre chose ?
Il s'agira d'étudier au cours de notre séminaire les divers modes de présence du futur. Celui que nous venons d'envisager, nous pourrions l'appeler futur béant : côté ouvert du temps, il est comme une grande page blanche qui s'offre à l'imagination et aux initiatives de la pensée, quand on a « la vie devant soi » et que tout semble possible. Ce thème de l'ouverture se retrouve au cur de la réflexion philosophique et phénoménologique qui, dans son analyse de la temporalité, affirme le primat du futur : dimension constitutive de l'être humain comme être de projets (Heidegger), clef métaphysique d'une liberté comprise comme arrachement aux déterminations présentes et passées (Sartre). Ce futur n'est-il pas de façon essentielle celui vers lequel nous allons ? N'est-il pas, comme horizon, le présupposé de nos efforts et de nos élans ? N'entre-t-il pas aussi dans la structure de notre action ou notre perception ? C'est ce que suggère la « protention » husserlienne comprise comme « intention constituante » (Derrida) : rejetant la présence simple et atomique du maintenant, Husserl montre que celui-ci est le produit d'une double tension vers l'arrière et vers l'avant, que le maintenant est originairement altéré. Quel est le sens de cette altération dans le cas de la « protention » ? Est-ce un acte d'imagination qui se mêle au maintenant ? Cet acte est-il lui-même le produit d'un retour de l'expérience passée (habitude, horizon d'attente, etc.) ? Cette co-originarité des temps ne fait-elle pas la spécificité du moment vécu, pris dans un devenir articulé, par rapport à l'abstraction de l'instant indivisible (Aristote) ?
Le futur n'est toutefois pas seulement en avant, comme ce qui attend notre initiative. Il y a aussi un futur qui vient au-devant de nous, inscrit et sédimenté, se tramant dans le présent lui-même - en cours ou à l'uvre. Nous disposons d'outils de prévision pour tenter de le connaître et de l'amadouer. À partir d'une situation donnée, ne peut-on pas recourir au calcul des probabilités et ainsi réduire l'ampleur de l'indétermination de ce qui vient ? N'existe-t-il pas en outre des chaînes causales qui font que ce qui arrivera demain ne saurait être n'importe quel événement imaginable, mais celui-là précisément que les circonstances concourent à produire ? On pourrait alors contester comme illusoire ou provisoire le caractère ouvert du futur et prétendre qu'il cache toujours un futur déterminé, entièrement déterminable à partir du présent - comme dans l'hypothèse du démon de Laplace. Mais jusqu'à quel point la maîtrise cognitive et scientifique du futur est-elle possible ? Le futur, du reste, n'est pas seulement ce qui se calcule ou se déduit, il est aussi ce qui se déchiffre, ou se pressent, se laisse approcher selon un art qui s'entend à renouer des continuités dans le tissu discontinu de l'espace-temps - à trouver dans le réel les signes qui mettent sur la piste de ce qui vient ou présagent d'un événement encore insensible, comme dormant dans l'épaisseur des choses.
Le séminaire tentera de faire droit à différents textes et à différentes approches, métaphysiques, mais aussi épistémologiques, anthropologiques, politiques ou littéraires. On ne manquera pas d'évoquer la poétique du futur proposée par la littérature de science-fiction qui est un outil d'amplification et de variation à partir du présent, explorant et extrapolant les possibles de la science, mais imaginant aussi états d'esprits, des schémas de pensée, des écologies ou des vies alternatives (U. Le Guin). À la fois proche et lointain, toujours à venir et toujours déjà là, le futur se donne à nous sous de multiples aspects et à de multiples échelles comme ce qui s'invente dans notre présent et contribue, en retour, à l'engendrer et à le métamorphoser.
Questions disputées de métaphysique
Pragmatique de la bêtise
Il s'agira de s'intéresser à la manière dont nous utilisons la notion de bêtise et ses notions proches selon une logique singulière et dont on tentera d'établir le cadastre conceptuel. On parlera alors d'une pragmatique de la bêtise, approche dont on trouve les linéaments chez Jacques Derrida, et dont nous verrons qu'elle permet de rejeter aussi bien la conception réaliste de la bêtise (comme chose du monde, comme réalité sociale) que sa conception relativiste (comme expression simplement subjective d'un rejet ou d'une dévalorisation).
Si la bêtise est un certain jeu de langage, elle répond à des règles précises et trouve en particulier son origine dans certaines formes littéraires comme la satire et la comédie, orginairement liées à une critique sociale, mais aussi à une réflexion sur l'humain. Notre usage de la bêtise en dérive en tant qu'elle n'est pas seulement l'élément d'un jugement (« tu es bête »), mais d'une mise en scène où se rejouent certaines divisions fondamentales - de la nature et de la culture, de la campagne et de la ville, de l'animal et de l'humain.
On visitera un corpus aussi bien philosophique (Kant, Schopenhauer, Foucault, Derrida, Nancy...) que littéraire (Boccace, Dickens, Flaubert, Musil...)
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Acquis d'apprentissage (objectifs d'apprentissage) de l'unité d'enseignement
Séminaire d'ontologie
Cerner un problème philosophique à travers son développement historique, à l'intersection des questionnements scientifique et métaphysique.
Questions disputées de métaphysique
Au terme du cours, les étudiants devront être capables d'analyser et de caractériser le concept de bêtise, sous tel ou tel aspect ou dans telle ou telle uvre philosophique ou littéraire.
Savoirs et compétences prérequis
Séminaire d'ontologie
Formation de premier cycle en histoire de la philosophie.
Activités d'apprentissage prévues et méthodes d'enseignement
Mode d'enseignement (présentiel, à distance, hybride)
Séminaire d'ontologie
Cours donné exclusivement en présentiel
Explications complémentaires:
Premier quadrimestre: 1er, 15 et 29 octobre; 12 et 26 novembre; 10 décembre (de 14h à 17h dans l'Espace philo).
Second quadrimestre: Une journée d'études sera organisée au cours du quadrimestre, ainsi que plusieurs séances de travail à destination des étudiant-e-s, en vue de la rédaction de leur travail écrit.
Questions disputées de métaphysique
Cours donné exclusivement en présentiel
Explications complémentaires:
Mode présentiel. jeudi 13h-15h
Lectures recommandées ou obligatoires et notes de cours
Questions disputées de métaphysique
Bibliographie indicative (sera complétée et enrichie au début du cours) :
Jacques Derrida, La Bête et le Souverain I, Paris, Galilée, 2001.
Michel Foucault, Histoire de la folie, Paris, Gallimard, 1972.
Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, trad. fr. A. Renaut, Paris, GF, 2006.
- Anthropologie d'un point de vue pragmatique, trad. fr. M. Foucault, Paris, Vrin, 1994.
Robert Musil, L'homme sans qualités, vol. I, trad. fr. P. Jaccottet, Paris, Seuil, 2004.
- De la bêtise, trad. fr. M. Dumont et A. Lochmann, Paris, Allia, 2019.
Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, tome I, trad. fr. M. Dautrey, C. Sommer et V. Stanek, Paris, Folio, essais, 2009 (ou trad. fr. A. Burdeau, Paris, PUF, 1998).
Modalités d'évaluation et critères
Séminaire d'ontologie
Examen(s) en session
Toutes sessions confondues
- En présentiel
évaluation écrite
Travail à rendre - rapport
Explications complémentaires:
L'évaluation finale reposera sur la rédaction d'un travail écrit.
D'environ 15 pages (avec un minimum de 40.000 et un maximum de 50.000 signes, notes et bibliographie comprises), le travail doit traiter d'une problématique en lien direct avec le thème du séminaire et tenir compte de ce qu'en ont dit les intervenants.
Le travail ne peut simplement relayer le point de vue d'un ou plusieurs auteur(s) mais doit le(s) problématiser et s'appuyer sur de la littérature secondaire.
Les étudiants sont invités à prendre contact dès que possible avec les enseignants afin de discuter du thème de leur futur travail (proposition d'auteurs, pistes de recherche) et d'identifier l'enseignant qui en assurera le suivi.
Questions disputées de métaphysique
Examen(s) en session
Toutes sessions confondues
- En présentiel
évaluation orale
Explications complémentaires:
Un exposé de 20-30 min sur un ouvrage (ou une partie d'ouvrage) consacré à la bêtise, en accord avec l'enseignant. Une liste d'ouvrages possibles sera fournie en début de quadrimestre.
Stage(s)
Remarques organisationnelles
Contacts
Séminaire d'ontologie
Laurence.Bouquiaux@uliege.be
Olivier.Dubouclez@uliege.be
Julien.Pieron@uliege.be
Université de Liège
Département de philosophie
Place du XX août, 7
4000 LIEGE
Questions disputées de métaphysique
Olivier Dubouclez
Département de Philosophie
Histoire de la philosophie moderne
Place du 20-Août, 7
B-4000 Liège
email: Olivier.Dubouclez@uliege.be